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The Mortal Instruments : la cité des ténèbres (Harald Zwart, 2013)

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Dans l’interminable course à la recherche du nouveau Twilight, les rayons de bit lit des librairies sont un vivier formidable, de quoi permettre à chaque studio d’y aller de son adaptation pour espérer rencontrer le même succès que la saga mormone. Le dernier en date est donc The Mortal Instruments : la cité des ténèbres, auquel le norvégien Harald Zwart vend son âme. Et sans grande surprise, un ersatz de film médiocre ne peut pas se transformer en or par miracle.

Le genre est tout neuf – Twilight n’a que cinq ans – et tourne déjà en rond. Avec The Mortal Instruments : la cité des ténèbres, le réalisateur du remake de Karaté Kid, Harald Zwart, cherche par tous les moyens à faire de sa soupe une sorte de film générationnel qui se prend les pieds dans le tapis dès les premiers instants. Le schéma est à peu près toujours le même, avec une adolescente plus ou moins normale qui va croiser un être surnaturel, découvrir un monde parallèle à son univers contemporain, remplir une mission symbolique et se retrouver prise dans un trio amoureux plus ou moins malsain. C’est toujours la même chose, seuls les décors changent, tandis que même certains acteurs reviennent (ici, l’insipide Jamie Campbell Bower, Caius dans Twilight, qui hérite du rôle masculin principal). Les décors sont d’ailleurs le seul véritable intérêt de ce film qui a le mérite de bénéficier d’une direction artistique de qualité, poudre aux yeux orchestrée par les équipes en charge des décors sur la saga Saw et chez Denys Arcand. Pour tout le reste, c’est tout de même assez catastrophique, voire honteux, de proposer un produit à 60 millions de dollars qui fait preuve d’aussi peu de considération pour son public.

The mortal instruments 1 The Mortal Instruments : la cité des ténèbres (Harald Zwart, 2013)

A commencer par le scénario signé Jessica Postigo, son premier, qui ne bénéficie d’aucune rigueur d’écriture. Le constat est sans appel : The Mortal Instruments : la cité des ténèbres est un joyeux bordel narratif parfois à la limite du compréhensible. Exposition expédiée à la va-vite, ellipses d’une maladresse folle, gestion catastrophique du prétendu danger et donc du bad guy dont l’apparition bien trop tardive ne provoque qu’un désintérêt poli. L’idée ici n’est pas de proposer un récit cohérent mais de faire plaisir aux lecteurs en illustrant assez bêtement les pages du best-seller, sans la moindre ambition cinématographique. Harald Zwart livre un film plutôt laid, ne bénéficiant d’aucune idée véritable et qui de plus souffre d’effets numériques franchement dégueulasses, notamment au niveau des créatures. Scénario médiocre, mise en scène peu inspirée et archétypes de ce nouveau cinéma fantastique pour têtards sont donc au rendez-vous. Pas grand chose à se mettre sous la dent malgré quelques jolies promesses, et en particulier celle de composer une variation autour d’un bestiaire bien connu car très classique. Loups-garous, vampires et démons sont de la partie mais ne bénéficie d’aucune vision, le film préférant se complaire dans une sorte de best-of indigeste de culture populaire. En gros, les loups-garous sont des bikers barbus, les vampires sortent tout droit de Buffy et les “héros” appelés Shadow Hunters ont à peine 10 ans de retard sur Underworld avec leur look d’adolescents gothiques d’une vulgarité sans nom. Mention spéciale au look des jeunes filles, habillées comme des putes (et cela est mentionné directement dans les dialogues du film) pour donner un bel exemple au public-cible. Le problème de The Mortal Instruments : la cité des ténèbres n’est pas tant que le film soit nul, c’est qu’il est déjà terriblement ringard.

The mortal instruments 2 The Mortal Instruments : la cité des ténèbres (Harald Zwart, 2013)

Alors que la mythologie du film ne tient pas la route, la faute à un traitement bien trop brouillon qui se contente de faire de The Mortal Instruments : la cité des ténèbres une longue et indigeste introduction à cet univers chancelant. Les enjeux du film sont ainsi à peu près nuls, et traités avec tout le manque de respect nécessaire. Dans ce mélange chaotique qui cite aussi bien les mythes du fantastique que Stargate ou Star Wars, la narration se concentre sur un triangle amoureux, voire un carré si l’élément homosexuel n’était pas balayé aussi vulgairement, d’un revers de main. Là encore, le schéma n’a rien de bien nouveau et ne bénéficie pas d’un traitement qui pourrait lui procurer un brin d’intérêt. La trop fade Lily Colins se retrouve tiraillée entre le bad boy de pacotille censé véhiculer une tension sexuelle, dont il est impossible de compter les plans  où il se recoiffe, et le bon copain introverti et amoureux transi, incarné par un Robert Sheehan qui se rêve dans la peau de Jay Baruchel. Cela donne lieu à des séquences parfois très embarrassantes, qu’il s’agisse de LA scène romantique dans un jardin en fleurs, avec une chanson ridicule et l’arrosage automatique pour simuler la pluie (le comble du ridicule jusqu’au malaise) ou du traitement tout en légèreté d’une relation incestueuse, comme si de rien n’était. Un niveau de mépris du spectateur qui atteint des sommets, et qui donne logiquement lieu à des scènes d’action minables, une absence totale de rythme, un découpage malheureux et un traitement des personnages sans aucune nuance. C’est un peu triste d’y trouver quelques acteurs talentueux tels que CCH Pounder ou Jared Harris, dans des rôles aussi ridicules l’un que l’autre, sans même parler du véritable outrage fait à Johann Sebastian Bach qui doit se retourner dans sa tombe de douleur.


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