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The Station (Marvin Kren, 2013)

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Étrange Festival 2013 : compétition internationale.

Après un premier essai pas inintéressant du tout autour du film de zombies, l’autrichien Marvin Kren se lance dans le film de monstres. Une ambition tout à fait louable, sauf que le bonhomme confond allègrement hommage et copie mineure et livre un film qui reproduit le schéma de The Thing en mode bas de gamme. Fauché, assez moche et très bête, The Station est un grand n’importe quoi ponctuellement amusant mais surtout sans grand intérêt.

Troquez l’Antarctique contre un massif montagneux, un husky contre un braque, l’anglais contre l’allemand, et le talent de John Carpenter contre celui, nettement moins affirmé, de Marvin Kren. Et comme par magie, le chef d’œuvre The Thing devient le très oubliable The Station. Difficile de ne pas se laisser aller à la comparaison tant chaque plan, chaque élément de la structure narrative, transpire The Thing par tous les pores sans la moindre preuve d’assimilation ou de simple compréhension. Car l’autrichien évite soigneusement toute forme de finesse dans son film, révélant par exemple, au détour d’un plan très appuyé, la présence de créatures étranges dans les cinq premières minutes du film. Là où The Thing parvenait à créer la peur en s’appuyant sur la notion de paranoïa, The Station essaye de jouer la même carte en étant beaucoup plus frontal, sans aucune subtilité. Le résultat est très simple : le film ne fonctionne pas sur ce registre. Aucune surprise au niveau de la structure, qui va jusqu’à récupérer la figure du chien, là encore en la détournant un peu bêtement car il ne fait aucun doute sur le mal qui le ronge. Des évènements bizarres, des animaux morts, une équipe scientifique isolée et des expéditions qui tournent mal. Même le look de Kurt Russell, grosse barbe, grosses lunettes et carabine, est allègrement pompé.

The Station 1 The Station (Marvin Kren, 2013)

Bien évidemment, il ne s’agit pas d’une copie conforme. Heureusement, ou pas, Marvin Kren cherche à apposer sa patte. Une patte qui veut jouer la carte de la comédie un brin cynique sur le genre, en utilisant des archétypes tournés en ridicule. Adieu donc l’ambiance claustrophobe et la paranoïa liée au groupe soupçonnant ses membres, adieu les doutes et la peur, place à l’outrance d’une série B banale. Dans les faits, ce n’est qu’un schéma on ne peut plus classique à cause duquel la succession d’évènements ne provoque aucune surprise, c’est un tissu d’incohérences et de situation sans queue ni tête (faire entrer un personnage dans le récit sans aucune raison logique, si ce n’est le désir de filmer une jeune fille en mini short se faisant poursuivre par un aigle mutant, en est la plus belle preuve), ce sont des acteurs qui surjouent à un point que cela finit par devenir embarrassant, et enfin ce sont des créatures un brin grotesques qu’il faudra se contenter d’imaginer étant donné les choix de montage pour chacune de leurs apparitions. The Station est un film fauché qui voudrait s’appuyer sur des effets refusant le numérique, chose tout à fait louable au demeurant, mais qui n’a pas les moyens de ses ambitions, ou le talent pour passer outre. Ainsi, les diverses créatures mutantes du film se retrouvent cadrées à l’arrache, avec une caméra bougeant dans tous les sens (l’effet ne procure plus la moindre peur et ne sert que de cache-misère pour ne pas observer les bestioles en détail), et souffrent d’un design qui fait un peu de peine lorsqu’il est visible dans une poignée de scènes.

The Station 2 The Station (Marvin Kren, 2013)

Il y a bien quelques images fortes, comme par exemple ce glacier recouvert de sang, ou cette scène tragique entre un homme et son chien, mais globalement, The Station ne véhicule pas grand chose. Le systématisme de la longue focale pour essayer de flouter une partie des plans, une violence inconséquente car filmée de façon incompréhensible, et cet humour qui au lieu d’apporter un équilibre enfonce le film dans la gaudriole. Pas grand chose à se mettre sous la dent donc, Marvin Kren allant jusqu’au grotesque lorsqu’il fait basculer son film autour du personnage incarné par sa mère, femme de ministre autoritaire qui devient tout à coup une femme d’action badass aux répliques cinglantes et aux notions de chirurgie surréalistes. Un cour de génétique accéléré plus tard, le déroulé de l’action devient de plus en plus absurde, jusqu’à ce final tout de même très embarrassant. Pour en arriver jusque là, entre deux citations très explicites – The Thing mais également Alien – il tente comme il peut de faire naître une émotion à travers le passif du couple principal. Mais la métaphore grossière sur la maternité n’apporte aucun liant à l’ensemble et finit de faire de The Station une toute petite série B qui manque cruellement de souffle. Au mieux, il sera facile de rire de ses outrances volontaires ou non, mais cela parait bien maigre pour un “hommage” aux films de monstres à l’ancienne.


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