Passé dans les mains de Jeff Wadlow, le médiocre comic book Kick-Ass 2 signé Mark Millar et John Romita Jr. cherche à marcher dans la voie de son aîné tout en se cherchant une identité propre. Le résultat est à la hauteur de l’œuvre originale, la violence sanglante et outrancière de Millar en moins, à savoir qu’il s’agit d’un film assez minable qui souffre autant de son absence de scénario que d’une mise en scène tout simplement minable. Si Jim Carrey a renoncé à assurer la promotion du film, c’est sans doute que la vision du montage final lui a ouvert les yeux et non la prétendue ultraviolence de la chose.
Le premier Kick-Ass, à défaut de se glisser parmi les références du film de super-héros, mariait habilement propos pas bête du tout sur la condition de héros, mise en images dopée à l’énergie british et questionnement moral ambigu assez fascinant. Un film violent, plutôt cool et bien fait, quelque part pas si éloigné de l’œuvre d’Edgar Wright jusque dans sa rythmique et ses figures de style. En gros, Matthew Vaughn parvenait à transformer le plomb en or, ce qui n’est pas vraiment le cas du pas très bon Jeff Wadlow, réalisateur du slasher Cry Wolf et du très oubliable Never Back Down. D’un comic book assez minable, il tire un script d’une qualité toute aussi minable pour aboutir sur un film à l’avenant. Loin, très loin, du premier opus, Kick-Ass 2 est une sorte de renoncement cinématographique. Un film qui subit les foudres d’une écritures surréaliste d’incompétence, de personnages complètement foireux, d’une absence dramatique d’enjeux et d’un rythme qui ne décolle jamais. Difficile de ressentir autre chose qu’un ennui passablement agacé devant cette horreur torchée à la va-vite qui, en plus de n’avoir rien à raconter, le raconte extrêmement mal. Ni subversif, ni jouissif, ni ultraviolent et certainement pas fun, Kick-Ass 2 est simplement nul.
Pour faire simple, les rares bonnes idées développées dans Kick-Ass 2 n’aboutissent sur rien. La première, le fait que Kick-Ass engendre des réactions débiles telles que des agressions dans le seul but de faire exploser un compteur youtube, donne lieu à une seule scène. La seconde, dérivée du premier film, développe maladroitement le fait que le héros crée des vocations. A l’arrivée, cela donne le groupe de super-héros “Justice Forever”, sorte d’Avengers amateurs dont le seul intérêt est de permettre les quatre ou cinq apparitions de Jim Carrey en Colonel Stars. Et si l’acteur est comme toujours impeccable dans l’outrance, l’absence d’écriture de son personnage, la non-exploitation de son passif d’homme de main de la mafia (limitée à trois pauvres répliques de Kick-Ass) et son peu de présence à l’écran, renforcent son statut de simple illustration n’apportant rien au récit. Un récit par ailleurs catastrophique à tous les niveaux tant Jeff Wadlow ne parvient jamais à proposer une structure narrative cohérente, peinant à faire cohabiter ses trois trames jusqu’à ce qu’aucune ne propose le moindre intérêt en terme de dramaturgie. Évidemment, le fruit d’un traitement aussi je-m’en-foutiste ne peut aboutir sur un miracle. Kick-Ass 2 se vautre logiquement dans l’émotion, impalpable malgré la lourdeur des séquences qui tentent vainement de la pousser à grands coups de violons lourdingues, mais également dans l’action. Kick-Ass 2 est un film qui semble se chercher du début à la fin, ne sachant pas s’il doit emboiter le pas de son prédécesseur ou évoluer dans une nouvelle voir. En résulte quelque chose d’informe et faussement cool, chiant à mourir et bâti essentiellement comme une variation de teen movie. Mais un teen movie qui lorgne du côté de la fange du genre, sorte de suite indirecte du pire des Amercan Pie. Humour raciste et homophobe désespérément pas drôle, vannes scatologiques du pire effet, et un propos qui semble se limiter au sexe pour les nuls.
En effet, plus que la violence, les personnages semblent obsédés par le cul, plus encore que dans les pires tenn movies. Une obsession qui n’est bien entendu que le prétexte à des vannes médiocres et des moments de beaufitude extrême, à l’image des blocages de Mindy/Hit Girl dont les hormones en fusion la font transpirer sur les abdos en béton de Dave ou devant le clip d’un boys band au rabais. Kick-Ass 2 est ainsi clairement adressé aux jeunes beaufs nourris à un humour bas de gamme, un film dans lequel l’adolescence est un concept visiblement inconnu des auteurs, ramassis dégueulasse de clichés idiots. Quant à la prétendue ultraviolence du machin, elle fait tout de même peine à voir, y compris par rapport au premier film qui allait beaucoup plus loin. A vrai dire, Kick-Ass 2 ressemble avant toute chose à une parodie faisandée, qui n’assume pas ses rares flambées de violence et motifs coups de poings (la rafle des citoyens masqués par la police, qui n’aboutit sur aucune réflexion) en se cherchant une excuse à travers son humour. Manque de bol, dans la comédie le film est une horreur. Et côté action, rien ne rattrape l’échec général. En effet, la faute à un manque flagrant de rigueur dans la mise en scène ou les chorégraphies, chaque scène d’action est un sommet de médiocrité. Aucun rythme, aucune envolée, et le montage aberrant de bêtise n’aide pas vraiment. Un montage qui met d’ailleurs bien en avant l’aspect très cheap du film, preuve supplémentaire qu’un vrai metteur en scène est nécessaire pour transcender un budget limité. Un aspect cheap qui se traduit par la nonchalance des figurants lors de la soit-disant grosse scène de baston finale, par la sensation d’immobilité des véhicules pendant la petite scène d’attaque de la fourgonnette par Hit Girl ou pire, par des effets numériques à peine dignes d’une série Z. Le point d’orgue étant l’ignoble séquence de vomi/diarrhée, tout bonnement inacceptable de laideur. Bête à manger du foin, laid comme cela n’est pas permis, ni drôle, ni fun, ni véritablement violent, parfois même incohérent vis-à-vis du premier film (les efforts de Hit Girl pour devenir une adolescente “normale” sont ridicules) et porté par des acteurs en majorité démissionnaires, Kick-Ass 2 est une aberration sur pellicule qui n’aurait jamais dû voir le jour.