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Under the Skin (Jonathan Glazer, 2013)

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Scarlett Johansson à contre-emploi, un réalisateur qui change de style presque 10 ans après son dernier long-métrage, une histoire d’extraterrestres qui espionnent en secret l’humanité, Under the Skin a tout pour être un projet particulièrement fascinant… sur le papier. Sur l’écran, on se demande si Jonathan Glazer est complètement honnête avec son spectateur ou bien s’il est tombé dans la prétention et la suffisance avec un film expérimental pas révolutionnaire ronflant et pensé comme hautement intellectuel.

Under the Skin 1 Under the Skin (Jonathan Glazer, 2013)D’abord, il y a Jonathan Glazer. Ce réalisateur britannique s’est fait une bonne réputation dans la publicité et la musique, signant plusieurs clips musicaux marquants pour Radiohead, Massive Attack ou Jamiroquai. Logiquement, son évolution dans le métier de la mise en scène l’a conduit vers la réalisation de courts puis de long-métrages au début des années 2000. Il réussit un beau premier film de gangsters avec Sexy Beast, rassemblant Ray Winstone, Ben Kingsley et Ian McShane. Jonathan Glazer se révèle alors être un des réalisateurs à suivre, même si son second avec Nicole Kidman, Birth, aura moins convaincu en 2004. Ensuite, plus rien. En tout cas en ce qui concerne le cinéma. Glazer continuera d’officier dans les spots publicitaires pendant plusieurs années. Ce n’est que l’an dernier qu’il revient au cinéma avec cette adaptation d’un roman de Michel Faber.

Under the Skin 2 Under the Skin (Jonathan Glazer, 2013)

D’un côté, il y a ce pitch très intriguant. Cette femme qui se révèle être cette mante religieuse venue de l’espace, qui attire les hommes par sa beauté plastique pour mieux les dévorer. Nous sommes cependant loin de La Mutante de Roger Donaldson sorti en 1995. Under the Skin est d’abord un voyage mystique, une plongée anthropologique menée par une espèce venue d’un autre monde qui révèle ce qu’est la nature humaine. D’un minimalisme à toute épreuve, la mise en scène de Jonathan Glazer tranche complètement avec ses deux précédents long-métrages. Nous voilà abandonnés dans ce cheminement sinueux dans une Écosse paumée, loin des grandes agglomérations. Le réalisateur a laissé tomber les codes classiques pour mieux tenter, expérimenter. Le budget dérisoire est visible à l’écran. Glazer s’essaie même au système de caméras cachées sur certaines scènes, où les hommes ramassés par Scarlett Johansson ne sont pas des acteurs. Et le doute d’une mise en scène probable plane en permanence. Il prend d’autant plus de risques lorsque cette extraterrestre piège lentement ses victimes dans un monde abstrait, marchant à reculons tandis que ces hommes s’enfoncent dans une surface noire gluante et opaque. Alors qu’elle s’illustre plutôt dans des grosses productions en Veuve noire chez Marvel, Scarlett Johansson a convaincu Jonathan Glazer de l’engager pour le rôle principal. Il faut dire qu’avant elle, Gemma Arterton, Jessica Biel, Megan Fox, Eva Green, January Jones, Amanda Seyfried et Olivia Wilde ont été pressenties. Une vraie foire d’empoigne.

Under the Skin 3 Under the Skin (Jonathan Glazer, 2013)D’un autre côté, le doute se pose aussi sur la prétention du projet. Présenté à la Mostra de Venise en 2013, Under the Skin est pensé comme un film issu d’un cinéma exigeant, à traduire par moins accessible au grand public. Car même s’il bénéficie de l’aura médiatique de son actrice principale, le film à du mal à vivre par lui-même. Les séquences d’assimilation, de noyade, de capture, peu importe leur qualification, leur mise en scène est toujours sur le fil du rasoir. Il y a certainement de bonnes idées dans chacune. Une oppression, un hypnotisme, des sensations. On reste pourtant toujours à deux doigts de tomber dans un simili de spectacle d’art contemporain hermétique que l’on pourrait voir entre une et trois heures du matin sur Arte. De plus, le personnage de Scarlett Johansson ne démontre pas de réelle évolution. Under the Skin fait se succéder les différentes rencontres. Un rythme qui devient vite redondant à la longue, surtout que les mêmes morceaux dissonants et inquiétants interviennent aux mêmes moments. On est en droit de se demander également l’opportunisme des plans de Scarlett Johansson qui se livre intégralement nue devant la caméra à plusieurs reprises. Certes, le film offre à l’actrice le moyen de jouer un rôle à contre-emploi dans une production modeste et indépendante. Néanmoins, la palette de jeu déjà pauvre de Scarlett Johansson ne se déploie jamais. Avec cette extraterrestre quasi mutique, elle ne parvient pas faire transparaître l’émotion suffisante pour donner corps à ses enjeux personnels.

Under the Skin 4 Under the Skin (Jonathan Glazer, 2013)

Il faut attendre les dix dernières minutes pour qu’Under the Skin trouve enfin l’intérêt qu’on lui cherchait au départ, où le personnage de Scarlett Johansson se retrouve en danger et se révèle un peu. Néanmoins, cette fin brutale continue sur la même piste d’analyse de l’être humain et de la société occidentale. Un regard prétendu objectif (par le regard d’extraterrestres) quelque peu monomaniaque nous expliquant qu’aucune bonté ne peut émerger de l’âme humaine (les hommes n’étant attirés que par le sexe et la violence). Jonathan Glazer nous met aussi en parallèle un homme à moto qui essuie les traces laissées par Scarlett Johansson sans jamais nous indiquer quelle est sa situation par rapport à l’extraterrestre principale. Commencé il y a 10 ans, le projet Under the Skin aboutit à un long-métrage qui ne convainc pas tellement. Les bonnes idées visuelles ne parviennent pas à sauver un ensemble répétitif et une mise en scène qui nage entre deux eaux. Celles d’une imagerie hallucinée des scènes de capture des victimes face à des épisodes assez hideux, tournés depuis des petites caméras dissimulées dans le décor et montés sans un découpage réfléchi un minimum à l’avance.


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