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Red 2 (Dean Parisot, 2013)

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Si Red premier du nom, malgré son aspect totalement aseptisé face au comic book original, parvenait à assurer un gentil moment de comédie d’action, sa suite passe deux heures à prouver que sa simple existence est une erreur monumentale. Le réalisateur de Galaxy Quest, tenu éloigné trop longtemps des plateaux de cinéma, est tout à fait incapable de transformer en quelque chose de viable un script lamentable et fait étal d’une incompétence chronique assez stupéfiante. Ni fait ni à faire, Red 2 vient s’ajouter comme une des plus grosses casseroles aux filmographies de ces beaux et grands acteurs. Quelle tristesse…

Alors que, dans Red, le ton violent de la BD de Warren Ellis et Cully Hamner laissait déjà la place à une banale comédie d’action dont l’intérêt reposait essentiellement sur ces acteurs entrant dans le troisième âge et jouant aux agents secrets, Red 2 repousse encore les limites de la gaudriole. Cette fois il s’agit d’une comédie tout court ponctuée de quelques séquences d’action, mais une comédie pas vraiment drôle qui ne sait jamais où appuyer pour stimuler les zygomatiques du spectateur et se cherche donc en permanence. Comme fil rouge, ce n’est plus tant la retraite mais plutôt la thématique du couple, faisant de l’ensemble du film une sorte de thérapie pour les personnages incarnés par Bruce Willis et Mary-Louise Parker, sans qu’on ne sache jamais vraiment quel est leur problème. C’est agaçant car avec aucun point d’accroche et sans la moindre ombre d’une mise en place d’un minimum d’enjeux dramatiques, Red 2 est un film qui ressort de l’esprit du spectateur aussi vite qu’il y était entré, d’autant plus que les deux heures paraissent extrêmement longues tant rien ne s’y passe. Le gros du problème est bien entendu un scénario en tous points lamentable, faisant fi de toute cohérence narrative et de toute rigueur, comme si les frères Hoeber avaient quelques petits bouts d’histoire qu’ils avaient réunis dans dans une boîte pour ensuite les agencer au hasard, sans aucune logique.

Red 2 1 Red 2 (Dean Parisot, 2013)

Cela se traduit par des personnages – par ailleurs bien trop nombreux – qui entrent et sortent du récit à loisir, à l’image de celui incarné par le beau Lee Byung-hun, immédiatement pointé comme le bad guy implacable du film, et qui se contente de quelques apparitions qui défient toute logique. Un principe d’incohérence qui caractérise assez bien le traitement des personnages. Pour reprendre ce tueur coréen, il est introduit tout d’abord comme une sorte de ninja, agent secret aux méthodes d’infiltration formidables et discrètes, pour ensuite sortir une énorme mitrailleuse en pleine rue et canarder l’équipe de Bruce Willis comme un gros bourrin sans cervelle. Le traitement des personnages est ainsi à l’image du film : d’une bêtise qui semble infinie. Les quelques rebondissements et retournements de situation se sentent à des kilomètres tant l’écriture s’avère balourde à tous les niveaux, et l’humour brandi en étendard ne fonctionne jamais, ou presque. En effet, entre deux beauferies et lamentations ridicules de celui qui fut un jour John McClane, il y a John Malkovich qui a droit au seul personnage intéressant de tout le film et aux répliques les plus cinglantes. Toujours en avance sur le récit, à la fois illuminé et lucide, il est clairement l’attraction de Red 2, dans un océan de médiocrité. Les autres personnages sont tellement coincés dans leurs archétypes sans intérêt, pour la plupart figés depuis le premier film, qu’il est impossible de s’attacher à qui que ce soit. Un problème sachant qu’il n’y a rien qui provoque la moindre émotion ou la moindre petite décharge d’adrénaline tant le film souffre également d’un rythme incroyablement pataud.

Red 2 2 Red 2 (Dean Parisot, 2013)

C’est l’ennui qui l’emporte sur tout le reste, car ni la comédie ni le film d’action ne fonctionnent. L’action est tellement brouillonne, quand les séquences ne sont pas plombées par une multitude de faux raccords et d’incohérences de découpage, qu’il est à peu près impossible d’y comprendre quelque chose. Ceci dit, étant donné que chaque scène d’action arrive comme un cheveu sur la soupe, sans véritable logique au niveau de la dramaturgie, il n’est pas nécessaire d’y comprendre quoi que ce soit. Red 2 souffre terriblement de ces approximations et erreurs grossières, qui impriment un faux rythme rapidement insupportable tant il semble ne rien se passer. Les incohérences se retrouvent tout autant dans les dialogues, qui vont jusqu’à aller à l’encontre de ce que montre l’image, quand ils ne reproduisent pas tout bêtement des passages du premier film, preuve d’une écriture excessivement paresseuse. Le film de Dean Parisot ne peut même pas se targuer de money shots imposants tellement tout le monde semble se foutre royalement du résultat, qui va jusqu’à reproduire, mais à l’envers, la cascade de Bruce Willis qui sort d’une voiture en plein dérapage pour tirer sur quelqu’un. Cette fois la grande idée et de le faire entrer dans la voiture, c’est formidable. A vrai dire tout ceci fait un peu de peine car tous ces acteurs sont des grands acteurs, y compris les plus jeunes, sauf qu’à l’image de l’ensemble de film, sans aucune rigueur et totalement je-m’en-foutiste, ils sont clairement ici pour empocher un gros chèque et assurer le minimum syndical. C’est sans doute là que sont passés les 84 millions de dollars de budget, car il est clair qu’on ne les voit pas à l’écran. Red 2 mériterait à peine une diffusion TV ou une sortie en toute discrétion en VOD, une honte en quelque sorte, sans même parler de l’esprit du comic book original qui est ici réduit à une poignée de transitions ringardes en animation.


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